Longtemps banalisées ou attribuées à une prétendue hypersensibilité féminine, les douleurs menstruelles ont été ignorées par le monde médical. Aujourd’hui, la reconnaissance de pathologies telles que l’endométriose marque une avancée majeure. Grâce aux progrès de l’imagerie médicale, le diagnostic devient plus accessible, notamment via l’IRM pelvienne. Cependant, un examen normal ne signifie pas l’absence d’endométriose. Cette maladie complexe peut rester invisible aux yeux des machines, malgré des symptômes bien réels. Mieux comprendre les mécanismes de cette affection, ses manifestations, ses conséquences et les moyens de la détecter est indispensable pour améliorer la qualité de vie des femmes concernées.
À retenir :
- L’endométriose est une maladie chronique gynécologique qui touche environ 10 % des femmes en âge de procréer
- Le diagnostic repose sur les symptômes, l’imagerie (IRM, échographie), et parfois la cœlioscopie
- Un accompagnement adapté permet de soulager les douleurs et de préserver la fertilité en savoir plus sur endométriose et fertilité
Comprendre l’endométriose
Souvent silencieuse, l’endométriose se manifeste par la présence de tissu semblable à l’endomètre en dehors de l’utérus. Elle peut s’étendre aux organes pelviens, digestifs, voire thoraciques.
- Prévalence : la maladie concernerait environ 10 % des femmes en âge de procréer en France, bien que ce chiffre soit probablement sous-estimé.
- Début précoce : certaines adolescentes présentent des symptômes dès les premiers cycles, d’autres restent asymptomatiques jusqu’à l’âge adulte.
Les signes les plus fréquents incluent :
- Dysménorrhée : douleurs menstruelles intenses
- Dyspareunie : douleurs pendant les rapports sexuels
- Douleurs chroniques pelviennes, abdominales, lombaires ou lors de la miction et de la défécation
Toutes les douleurs menstruelles ne sont pas synonymes d’endométriose. D’autres affections gynécologiques peuvent provoquer des symptômes similaires.
Les impacts sur la santé et la fertilité
L’endométriose affecte plusieurs sphères de la vie des femmes, en particulier lorsqu’elle est sévère ou mal diagnostiquée.
Conséquences des douleurs chroniques :
- Arrêts de travail répétés et baisse de la productivité
- Tensions dans la vie intime et conjugale
- Isolement social et détresse psychologique
Environ 30 à 40 % des femmes atteintes rencontrent des difficultés à concevoir. La maladie peut perturber :
- l’ovulation et la réserve ovarienne
- la fécondation et le transport des gamètes
- la nidation de l’embryon
La chirurgie, bien qu’utile pour traiter certaines lésions, peut aussi altérer la fertilité. Les femmes souhaitant concevoir doivent bénéficier d’un suivi spécialisé dès la formulation de leur projet parental.
Identifier et diagnostiquer la maladie
Le parcours diagnostique est souvent long. En moyenne, les femmes attendent près de 10 ans avant qu’un diagnostic soit posé.
Le diagnostic repose sur :
- Une analyse des symptômes : douleurs, troubles menstruels, infertilité
- Des examens d’imagerie : échographie transvaginale, IRM pelvienne, parfois scanner
- Une cœlioscopie exploratrice : permettant biopsies et confirmation histologique
Bien que la cœlioscopie reste l’outil de confirmation, les avancées en imagerie permettent aujourd’hui de diagnostiquer de nombreux cas sans intervention chirurgicale.
L’imagerie au cœur du diagnostic
Les examens d’imagerie apportent des informations précieuses sur la localisation et la gravité des lésions.
Deux techniques dominent :
- L’échographie transvaginale : introduit une sonde pour visualiser l’appareil génital
- L’IRM pelvienne : non invasive, elle donne une vue plus détaillée des tissus profonds
Ces examens sont souvent complémentaires. Le choix dépend des symptômes, de l’expérience du radiologue et du matériel disponible.
Le scanner abdomino-pelvien, moins courant, peut être prescrit pour explorer le système digestif. Il nécessite une préparation spécifique et expose aux rayons X, contrairement à l’IRM.
Quand avoir recours à une IRM ?
L’IRM pelvienne est souvent proposée en première intention, ou pour suivre l’évolution de la maladie après un traitement ou une chirurgie.
Elle est indiquée :
- lors de l’apparition de nouveaux symptômes
- pour évaluer l’efficacité d’un traitement
- après une intervention chirurgicale
Le rythme de surveillance dépend du stade de la maladie, du traitement en cours et de l’état général de la patiente.
Les précautions avant une IRM
Certaines conditions empêchent la réalisation d’une IRM, en raison de la présence de dispositifs ou de corps étrangers métalliques.
Contre-indications formelles :
- Pacemaker ou défibrillateur implanté
- Valves cardiaques métalliques
- Neurostimulateurs, implants cochléaires ou pompes à insuline
- Fragments métalliques dans les yeux
Une IRM ne doit être prescrite qu’après vérification de l’absence de ces éléments. En cas de doute, d’autres examens peuvent être envisagés.
Adénomyose et endométriose : quelles différences ?
Souvent confondue avec l’endométriose, l’adénomyose est une affection distincte, bien qu’apparentée.
- Localisation : l’adénomyose touche directement le muscle de l’utérus, contrairement à l’endométriose qui s’étend hors de l’utérus
- Formes : elle peut être diffuse ou localisée, superficielle ou profonde
Les deux pathologies peuvent coexister. Les mêmes examens d’imagerie, notamment l’IRM, permettent de les différencier.
Déroulement d’une IRM pelvienne
L’examen se pratique sur rendez-vous dans un centre de radiologie équipé. Il dure environ 20 minutes.
Avant l’examen :
- aucun jeûne requis
- parfois un lavement rectal est conseillé
Un gel de contraste peut être introduit dans le rectum ou le vagin pour améliorer la visibilité des organes. Ce balisage n’est pas systématique.
Durant l’IRM, la patiente est allongée dans un tunnel. Le bruit de l’appareil peut être atténué par un casque diffusant de la musique. Les résultats sont remis rapidement après l’examen.
Choisir le bon radiologue
La qualité de l’interprétation dépend en grande partie de l’expérience du radiologue. Des lésions subtiles peuvent passer inaperçues si l’examen n’est pas effectué ou relu par un spécialiste.
- Privilégier un radiologue référent en endométriose
- Consulter les listes disponibles via les associations de patientes
- Demander une seconde lecture en cas de doute sur les résultats
Une IRM bien réalisée et bien interprétée optimise les chances d’un diagnostic précis.
Moment idéal pour passer une IRM
Théoriquement possible pendant les règles, l’IRM est rarement pratiquée à ce moment du cycle, car elle peut être inconfortable. Si le cycle le permet, mieux vaut programmer l’examen en dehors de cette période.
En cas d’urgence ou de douleurs aiguës, le moment du cycle devient secondaire.
IRM négative : que conclure ?
Un résultat normal à l’IRM ne signifie pas que la patiente ne souffre pas d’endométriose. Certaines lésions, trop petites ou disséminées, peuvent ne pas être détectées.
- L’échographie transvaginale peut compléter le diagnostic
- La cœlioscopie reste l’examen de référence pour identifier les lésions invisibles à l’imagerie
Face à des symptômes persistants, il est pertinent de poursuivre l’exploration, même en cas d’imagerie normale.
Ce qu’il faut garder à l’esprit
Le diagnostic précoce de l’endométriose permet une prise en charge plus efficace. L’IRM joue un rôle central, mais doit être interprétée avec vigilance. S’informer, choisir les bons professionnels et comprendre les limites des examens permet aux femmes de devenir actrices de leur parcours de soins.